La Mission militaire soviétique de Baden
La Mission militaire soviétique de Baden
Voiture de la MMSL
Les missionnaires soviétiques, nos homologues en RFA, n’avaient aucun contact avec les missions occidentales en RDA. Pour de multiples raisons, ils ne faisaient pas le même travail que celles-ci. Ils n’en avaient d’ailleurs pas besoin. Il n’était pas nécessaire de passer des heures à l’affût pour obtenir la photo des nouveaux matériels alliés. N’importe quelle revue spécialisée en vente libre pouvait la leur offrir. L’ordre de bataille et les unités d’appartenance du dispositif allié en Centre Europe n’avaient rien de « Secret Défense ». Le travail des homologues soviétiques était donc fondamentalement différent, et vraisemblablement plus souterrain. Seules les positions étaient symétriques et ils auraient dû être traités sur la base d’une stricte réciprocité, comme le prévoyaient les accords. Il n’en était malheureusement rien.
Certes, il arrivait aussi qu’à l’Ouest, les missions soviétiques connaissent quelques mésaventures. On en trouve trace dans les dossiers du Service Historique. La MMSL[1] de Baden faisait effectivement l’objet d’une surveillance constante mais, sinon bienveillante, du moins « inoffensive ». Leurs villas étaient surveillées, mais ils n’étaient pas systématiquement suivis lors de leurs déplacements. Les services français assuraient seuls cette surveillance car les services allemands n’avaient pas reçu, comme
D’ailleurs leur étonnement paraît presque sincère lorsqu’ils émettent, en février 1963, une protestation à la suite d’un « incident ». Une voiture de
« Je considère une action aussi arrogante de la part de
Sans commentaires…
En réalité, les trois Missions militaires soviétiques en RFA menaient également des opérations de renseignement, non seulement des reconnaissances, mais aussi des missions de nature beaucoup plus clandestines : recrutement, exfiltrations d’agents, levée de boites à lettres mortes, etc, dans des conditions autrement plus favorables de sécurité qu’à l’Est en raison de la surveillance beaucoup moins étroite des services du contre-espionnage à l’Ouest. Et cela représentait de toute évidence un avantage très supérieur aux yeux des services spéciaux soviétiques (KGB et GRU) que l’inconvénient pour le GFSA d’être observé par les « razvedtchiki[i][2]» occidentaux.
En définitive, tout s’est passé comme si chacun des deux blocs de part et d’autre du rideau de fer avait tacitement accepté que les Missions militaires de liaison de l’autre bord exercent une surveillance sur ses propres forces, évitant ainsi toute méprise sur l’interprétation des déploiements d’unités que chaque camp était amené à exécuter, parfois au moment où la tension montait entre Est et Ouest «pour montrer ses muscles», mais aussi plus prosaïquement dans le cadre du maintien en condition opérationnelle de ses forces.
Patrick Manificat
Aide-mémoire distribué aux unités françaises en RFA, concernant l'attitude à tenir face à une voiture de la MMSL
Villa de la MMSL à Baden
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