Ambiance de Noël en RDA - NOËL AUX VILLAS de Potsdam
NOËL AUX VILLAS
En RDA, Noël ne se voyait pas mais n’en existait pas moins. Il n’y avait bien sûr pas de guirlandes lumineuses : hors période de Noël, l’éclairage était déjà fort réduit. Et quant aux magasins, il ne fallait pas y chercher des vitrines décorées et des rayons chargés de cadeaux. Et pourtant, Noël existait, certes davantage dans le cœur des gens que dans des manifestations publiques.
Le journaliste Constantin Hoffmann (1), de la chaîne régionale Mitteldeutsches Rundfunk (MDR) a tenté d’expliquer dans Weihnachten in der DDR – Noël en RDA ce que pouvait être la magie de Noël dans un Etat athée qui, jusqu’au début des années
Pourtant, déjà en 1958 était paru un livre de jeux de construction sous le titre Friede schafft der Mensch allein – l’homme seul fait la paix, destiné à fournir « matière à des célébrations en période de Noël à l’intention des écoles, des entreprises et des groupes de pionniers et de la FDJ (2) » ! On avait beau débaptisé les anges en Jahresendflügelfigure –« figures ailées de fin d’année », tenté d’introduire d’Union soviétique le « petit père gel », rien n’y fit. En 1982, le membre du bureau politique de la SED Kurt Hager reconnut devant des communistes ouest-allemands : « cela fait longtemps que nous avons perdu la bataille de Noël ».
Hoffmann raconte même qu’à Dresde la Kommandantur soviétique au complet, avec dans ses rangs un membre des services secrets nommé Poutine, a assisté à l’église à une représentation de l’oratorio de Noël de Bach, rebaptisé malicieusement par les musiciens « oratorio de fin d’année ».
Rare photo du commandant Poutine à Dresde avec des jeunes (1)
L’industrie d’Etat de Noël fonctionnait à 90 % pour l’export à l’ouest : les figurines en bois, les boules en verre de Lauscha rapportaient des devises. A l’inverse, la production destinée au marché interne, tels les pains d’épices de Pulnitz, devait se montrer inventive : les tomates confites tenaient lieu d’ersatz de citron, des crèmes de fraises remplaçaient les abricots.
Noêl en RDA était donc un jeu dans les registres économique et idéologique où, pour quelques heures, la SED devait se tenir en retrait, sans toutefois perdre le contrôle.
Les villas de Potsdam étaient loin de cette problématique, et Noël s’y fêtait comme à l’Ouest. Il est arrivé que les Soviétiques de la SRE y fussent invités. Le personnel (est-allemand stipendié par la Stasi…) avait droit à une prime de Noël et à quelques cadeaux introuvables à l’Est, par exemple des bas synthétiques. Les alliés se retrouvaient aussi pour les Christmas Carols, des soirées de cantiques de Noël où ils rivalisaient en virtuosité, parfois avec le concours de quelques musiciens du 46ème régiment d’infanterie.
Noël à la villa de Potsdam 1979
Jean-Paul Staub
(1) Je connais Constantin Hoffmann pour l’avoir rencontré à Halle lors d’une cérémonie à la mémoire de Philippe Mariotti. Il m’avait dédicacé son premier ouvrage, Ich musste raus – Je devais partir, où il raconte son évasion de RDA. Je ne puis que recommander au lecteur germanophone la lecture de ses deux livres.
(2) Les pionniers sont l’organisation de jeunesse contrôlée par le parti et destinée aux enfants, la FDJ (Freie Deutsche Jugend – Jeunesse allemande libre) est son prolongement pour les adolescents.
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